ÔRIZON Le blog de l'aéroport de Toulouse-Blagnac
Eddy de Pretto - Cœur battant
Publié le 02 décembre 2024

Auteur-compositeur puissant et touchant, à l’univers musical incomparable, l’envoûtant Eddy de Pretto nous a fait l’honneur d’un échange plein d’authenticité, et de musicalité.
Crash Cœur, ton 3ème et dernier album, a pour fil rouge l’amour. Qu’est-ce qui t’a poussé à en faire le thème principal ?
Eddy de Pretto : L’amour certes, mais plus largement je dirais que c’est une quête de bonheur et de stabilité. J’évoque les sentiments au sens large, vis-à-vis des autres, de soi, comment mieux s’aimer et se connaître, mais aussi des sujets inhérents comme la solitude ou la rupture. J’aimais l’image d’un cœur qu’on « crash-teste », tel que ça se pratique avec les voitures, afin de mesurer les conséquences de potentielles collisions frontales. Cela reflète en réalité ma vision du sentiment, un peu écorché et malmené. Le mettre sur papier m’a permis de prendre du recul, et le public a reçu très favorablement l’album, à l’instar du titre Love’n’Tendresse.
Un lien fort t’unit à ton public. Est-ce que la scène est un moteur pour toi ?
E.d.P. : Je fais tout ça pour vivre ces moments-là. Voir des milliers de personnes reprendre ensemble mes refrains, c’est incroyable comme ressenti, ça me touche énormément, même si je garde la tête froide et considère que rien n’est jamais acquis. Le 6 décembre prochain je serai à l’Accor Aréna de Paris, et je me souviens que petit, lorsqu’on partait de Créteil, où je vivais, et qu’on allait rendre visite à ma tante à Montmartre, on passait devant cette salle en voiture et je répétais à ma mère que je rêvais d’y chanter, c’est dire si la scène m’a happé très tôt. J’ai bâti ma carrière, j’y ai mis toute mon énergie, elle est précieuse et on ne me la retirera pas. Raison pour laquelle je suis devenu mon propre producteur, je fais à ma façon, avec ma vision. C’est toute ma vie.
Quels artistes, passés comme actuels, t’inspirent ?
E.d.P. : Brel, Brassens et Barbara, que ma mère écoutait, puis la pop musique des années 2000 avec Britney Spears, Justin Timberlake, The Neptunes, Timbaland, le rap avec Diam’s et MC Solaar pour leurs textes très précis et piquants, et ensuite les divas comme Adèle ou Lady Gaga. Mon influence est multiple, je suis de la génération iPod Shuffle, avec des playlists interminables que je téléchargeais et me permettaient de découvrir plein de styles musicaux. Aujourd’hui, j’aime la vibe hip-hop jazz américaine de Taylor The Creator, Kevin Abstract ou Childish Gambino, leur musicalité est très recherchée et elle me nourrit énormément.
Quel est ton dernier « crash cœur » musical ?
E.d.P. : Il y en a plusieurs ! Le français Liv Oddman, l’italien Mahmood, Dua Lipa et Billie Eilish.
Hip-Hop, électro, variété, R’n’B, ton style musical est donc un mélange d’influences. Y’a-t-il un genre auquel tu souhaiterais t’essayer ?
E.d.P. : Chacun de mes albums a son identité et ses propres influences, idem avec chacun de mes titres. Le dernier a par exemple une touche venue de Boombass du groupe Cassius, qui m’a aidé à trouver cette fameuse touche R’n’B. En réalité, tout part du texte puis des rencontres, la musique vient ensuite, elle sert les paroles.
Tu as déjà plusieurs collaborations à ton actif. Avec qui aimerais-tu en réaliser d’autres ?
E.d.P. : Frank Ocean ou Omar Apollo par exemple, des artistes pour qui j’ai du respect et de l’admiration.
Tu entames une tournée des grandes salles et seras de passage à Toulouse le 13 novembre prochain. Doit-on s’attendre à un show spécifiquement calibré pour ces scènes ?
E.d.P. : Carrément ! La scénographie est ma partie préférée. Nous l’avons testée lors d’une tournée de salles plus petites, et nous lui offrons désormais des « habits de soirée » pour partir à la conquête de plus grandes ! On va pas mal jouer avec la perception auditive et visuelle des spectateurs, sur fond d’histoire qui va me servir de prétexte pour raconter mes textes. C’est un vrai show, très millimétré.
La mise en scène, mais aussi le cinéma et le théâtre, tu as plusieurs cordes à ton arc. As-tu de nouveaux projets en préparation ?
E.d.P. : Oui, plusieurs projets à venir, notamment au cinéma, ce qui me ravit car c’est aussi l’occasion d’une pause dans la chanson.
Tu as une liberté de parole et tu mènes des combats, personnels mais à la fois totalement universels. Est-ce que cela te permet d’être aligné avec toi-même ?
E.d.P. : Ce serait le comble de me taire en raison de tout ce que j’ai déjà défendu à travers mes textes ou différentes tribunes, sur des sujets comme la masculinité toxique, l’homosexualité, la liberté d’expression ou encre la diversité. C’est très politique en définitive, j’assume défendre des positions et être clair avec moi-même. Est-ce que cela exerce une influence, je n’en suis plus certain, car la colère est telle dans la société que l’on considère parfois les artistes déconnectés d’une réalité.



©Jésus Leonardo
Le L.A confidentiel d’Eddy
Tu expliques que c’est un voyage à Los Angeles en 2022 qui a débloqué l’atmosphère R’n’B de ton dernier album. Qu’as-tu aimé dans cette ville ?
Il y existe une culture du « tout est possible » qui m’a fasciné. Le tout sourire en permanence pour surmonter les tracas m’a marqué et fait beaucoup de bien ! Il y a une énergie unique à L.A.
Un quartier que tu as particulièrement apprécié, et pourquoi ?
Je résidais à Venice Beach, que j’ai adoré. Je jouais à GTA enfant, ça m’a totalement rappelé l’ambiance du jeu. Les gondoles et couchers de soleil à Marina Del Rey sur le Venice Canal, un must à ne pas rater !
Un spot à conseiller ?
Silver Lake, un quartier avec plein de créateurs, un peu le Brooklyn de L.A. Il y a pas mal de petites maisons mignonnes, c’est très agréable de s’y promener.
Une bonne adresse shopping ?
Il faut absolument passer par un mall du côté de Santa Monica, c’est mythique.
Des voyages qui t’ont marqué ?
L’Italie en voilier, et Cuba.
Des destinations que tu aimerais découvrir ?
Rio de Janeiro, le Japon car la culture m’attire, et l’Islande.

Le fameux quartier de Venice Beach à Los Angeles/©Eduard Goricev
Propos recueillis par Séverine Martin