ÔRIZON Le blog de l'aéroport de Toulouse-Blagnac

Vu à l'aéroport

L’aéroport Toulouse-Blagnac au centre des transformations du secteur aérien

Publié le 06 décembre 2024

Décarbonation, qualité du service rendu aux passagers ou encore rationalisation des programmes de vols, les défis qui s’imposent aux aéroports français sont nombreux, impliquant une diversification progressive de leurs missions. Tour d’horizon avec Philippe Crébassa, président du directoire de l'Aéroport Toulouse-Blagnac, et Thomas Juin, président de l'Union des Aéroports Français.

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Philippe Crebassa

Philippe Crébassa/©ATB

 

Quels leviers pour activer la décarbonation de l’aérien ?

Philippe Crébassa : Le renouvellement des flottes évidemment, avec des constructeurs qui font d'énormes efforts pour réduire les consommations de CO2. L'A320neo consomme par exemple 20 % de moins que la précédente génération. Et par ailleurs le partenariat ICEO avec Airbus, ATR, la Région et Aerospace Valley qui vise à développer et promouvoir le carburant durable d’aviation.

Thomas Juin : : En 2023, la filière aéronautique et du transport aérien a remis au gouvernement français sa trajectoire de décarbonation intégrant différents leviers pour répondre aux objectifs de réduction de nos émissions de CO2. Les leviers les plus efficaces à court terme sont en effet le renouvellement des avions mais aussi l’optimisation des opérations en vol et au sol. À moyen terme, il y a la conception de futurs aéronefs ultra sobres, et surtout le développement de l’usage des carburants aéronautiques durables qui représenteront près de 50 % des futures réductions d'émissions du secteur.

L’aéroport Toulouse-Blagnac ambitionne d’être un hub énergétique sur son territoire. Expliquez-nous.

P.C. : Nous avons la capacité de produire, stocker et distribuer de nouvelles formes d'énergie, à l’instar de nos parkings P5 et P6 bientôt équipés en photovoltaïque, mais également de notre station de traitement des eaux pluviales, qui sont récupérées puis redistribuées sur les réseaux d'alimentation. L'aéroport est un outil de service public pour se déplacer, mais également pour redistribuer l’énergie et les ressources naturelles en circuit court.

Une charte signée avec l’État vous engage à une amélioration de la qualité de service en aéroport.

P.C. : Initialement, l'État a souhaité la mettre en place dans l'objectif des Jeux Olympiques, en considérant la qualité de service comme un enjeu commun des aéroports, des compagnies aériennes et du contrôle aérien. Des commissions locales de qualité de service ont été instaurées, pilotées par la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile), pour travailler en particulier sur la ponctualité des vols mais aussi la fluidité du traitement des flux passagers, qui passe par une amélioration du passage au contrôle des passeports ou l’installation de machines plus performantes que celles à rayons X classiques.

T.J. : Améliorer l’expérience client dans nos aéroports passe par l’amélioration du parcours passager, et donc par une montée en puissance de l’usage des technologies digitales pour améliorer la fluidité. La qualité de service en aéroport engage aussi les services de l’Etat dans ses activités, notamment les contrôles aux frontières mais aussi la navigation aérienne.  

Le trafic domestique est amené à évoluer dans les cinq prochaines années. Comment le secteur s’y prépare-t-il ?

P.C. Avec le retrait d’Air France d’Orly en 2026, l'offre sur Toulouse va globalement baisser et, sans oublier le marché domestique qui reste essentiel pour la vie économique et le trafic loisirs, notre avenir se joue désormais davantage à l'international, grâce à un réseau bien maillé, avec 90 destinations cet été. Notre potentiel de développement a de la marge, notamment vers l'Europe du Nord, de l'Est, le bassin méditerranéen et l'outre-mer.

T.J : Là où il y a une offre alternative satisfaisante par le train, notamment sur les liaisons radiales Paris-Régions, l’avion se retire naturellement. En revanche, sur les lignes transversales Région-Région, le rôle de l’avion reste pertinent, en raison des insuffisances du service ferroviaire. Le trafic domestique est amené à changer de nature dans les années à venir, notamment sur la courte distance, en particulier avec l’émergence de l’avion hybride-électrique d’ici 2030.

 

Toulouse-Blagnac à l’avant-garde la filière aéroportuaire de demain

Réduction de 15 % de la consommation en électricité en 4 ans

Réduction de 25 % de la consommation d’eau en 6 ans

Consommation de gaz divisée par 4 en 10 ans

Depuis 2010, réduction de 83 % des émissions en tonnes d’équivalent CO2

Abrite la 1ère station de production et de distribution d’hydrogène vert sur un aéroport et une station de recharge électrique ultra rapide

Objectif net zéro carbone à l’horizon 2029 sur ses émissions directes

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Thomas Juin

Thomas Juin/ ©UAF

Propos recueillis par Séverine Martin